Des “débris” dans les villes et les provinces

La mort de 24 soldats de l’armée et 7 militants du PKK le 19 octobre 2011, lors des affrontements très violents dans la région de Hakkâri (à l’est de la Turquie), a causé une nouvelle onde de choc dans la vie politique de la Turquie. Alors que les vies perdues nous rappellent la nécessité et l’urgence de la paix, certains politiciens ont utilisé cet événement comme un prétexte pour pouvoir justifier leur volonté de continuer les massacres.

Même si l’AKP (parti du gouvernement) sait qu’une opération qui mettrait fin à l’existence du PKK est impossible, il utilise cet événement pour isoler le PKK (parti des travailleurs du Kurdistan) au niveau international et pour cela l’AKP essaie d’abord de mettre un terme au soutien que le gouvernement Irakien donne au PKK.

En parallèle de ces actions, l’AKP menace les kurdes afin de réaliser son projet de nouvelle constitution qui, selon l’AKP, va mettre un terme à tous les problèmes que rencontre le pays. En lien avec cette ligne politique, l’armée -qui a mobilisé 10 000 soldats- est sortie du pays pour attaquer les bases du PKK en Irak.

Par cette politique, le but de l’AKP était de se renforcer pour les discussions sur la nouvelle constitution, d’isoler son concurrent (BDP- parti prokurde) et de les convaincre de leur soutien. Mais cette fois, la volonté de sang dont certains rêvaient à l’occasion d’une opération meurtrière s’est réalisée non pas par cette opération, mais par un séisme, à Van (ville à l’est de la Turquie).

Six jours après le séisme -qui était la deuxième mauvaise nouvelle du mois d’octobre- on sait qu’il y a encore de nombreux villages qui n’ont pas reçu l’aide humanitaire de base, même le gouverneur de Van a pu s’en rendre compte. On ne peut identifier ni le nombre de morts et de blessés, ni le nombre de bâtiments endommagés.

D’autre part, on voit clairement que les opérations aériennes et les opérations terrestres, dont on ne connaît pas encore le budget, ne peuvent pas mettre fin à la “terreur”. On se demande, avec le budget de ces opérations, qui sont nécessairement sans fin, combien de Van on pourrait sauver?Combien de villes et de villages on pourrait préparer pour résister aux futurs séismes ?

Le destin de Van est le destin de toute la Turquie

Le séisme nous révèle non seulement le destin des kurdes de Van mais aussi le destin de toute la Turquie. Après le séisme de 1999, Ecevit (premier ministre de l’époque) avait mis en place de façon temporaire un impôt pour financer la prévention des séismes, et Erdogan (actuel premier ministre) l’a rendu permanent.

Aujourd’hui, la somme collectée par cet impôt s’élève à 74 millions lires turques. Il était à prévoir que pas un centime de cet argent ne serait utilisé pour le renforcement des infrastructures ni des bâtiments. Aujourd’hui, après le séisme, Mehmet Şimşek, le ministre des finances, a déclaré que cet argent n’a pas été utilisé pour la prévention contre les séismes, mais il a été investi dans les entreprises de la santé, de l’éducation et de la construction de route… autrement dit cet argent est allé directement dans les poches des patrons !

Les impôts payés par les travailleurs ne sont pas utilisés pour les travailleurs mais pour les entreprises nationales et internationales afin qu’ils puissent accélérer la privatisation des services publics, notamment de l’éducation et de la santé.

On aurait pu éviter les morts causés par le séisme, mais au lieu de prendre des précautions nécessaires, le gouvernement a utilisé cet argent pour les patrons au détriment des travailleurs. De plus, on sait que la situation est partout la même dans le pays. Un autre séismedans n’importe quelle ville de la Turquie nous fera vivre les mêmes souffrances.

Les opérations militaires et la nouvelle constitution peuvent-ils rendre possible la paix?

D’une part, tout ce qu’on a vu après le séisme est le résultat des « politiques de destruction néolibérale » ; les privatisations pour enrichir les patrons et les attaques pour exploiter encore les travailleurs. Ces attaques néolibérales nous ont fait prisonniers de la spirale de la précarité et maintenant elles menacent de nous tuer.

D’autre part, l’AKP et les autres partis institutionnels discutent une nouvelle constitution qui va accélérer ces attaques. Nouvelle constitution qu’ils veulent faire accepter par le parti prokurde BDP, au même temps que ces mêmes partis, l’état et l’armée menacent les kurdes par les opérations militaires. Le but étant d’isoler le BDP de la population. En préparant une constitution qui sera encore plus hostile aux ouvriers et à la liberté, la volonté est de ne pas laisser la solution du problème kurde aux kurdes mais à l’état turc. La constitution proposée par l’AKP est une constitution néolibérale, une constitution pour les patrons, qui veut tuer tous nos espoirs pour la paix. Elle vise à privatiser totalement l’éducation et la santé et permet aux patrons de s’approprier tout ce qui était important pour les travailleurs ; comme les allocations du chômage, l’impôt de prévention contre les séismes, les indemnités de licenciement…

Les conséquences du séisme et les opérations militaires nous montrent que le peuple kurde et la classe ouvrière turque doivent rejeter ensemble la nouvelle constitution. Pour nous, la lutte unie du peuple kurde et de la classe ouvrière turque pour la paix et pour le pain est la seule solution.

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