Etre Trotskiste aujourd’hui

Nahuel Moreno est le principal dirigeant de notre courant, fondateur de la Ligue Internationale des Travailleurs – Quatrième Internationale. Il est mort en janvier 1987, quand il y avait encore des « Etats Ouvriers ». Dans une interview d’août 1985, il a précisé ce qu’il entendait par “être trotskiste”.

Dans les grandes lignes, cela signifie défendre les positions de principe du socialisme, du marxisme. C’est-à- dire qu’à mon avis, les trotskistes sont de nos jours les seuls défenseurs des véritables positions marxistes.

Commençons par comprendre ce que signifie être véritablement marxiste. Nous ne pouvons pas faire un culte, comme il a été fait de Mao ou de Staline. Etre trotskiste aujourd’hui ne signifie pas être d’accord avec tout ce qu’a écrit ou a dit Trotski, mais savoir lui faire des critiques ou le dépasser, tout comme par rapport à Marx, à Engels ou à Lénine, parce que le marxisme prétend être scientifique, et la science enseigne qu’il n’y a pas de vérités absolues. Etre trotskiste est donc d’abord être critique, même du trotskisme. Dans son aspect positif, être trotskiste c’est répondre à trois analyses et positions claires, concernant le programme.

La première est que, tant qu’existera le capitalisme dans le monde ou dans un pays, il n’y a de solution de fond pour absolument aucun problème : ni pour l’éducation, ni pour l’art, ni pour les problèmes plus généraux de la faim, de la misère croissante, etcetera.

Lié à cela, bien que ce ne soit pas exactement la même chose, le critère est qu’une lutte sans merci est nécessaire contre le capitalisme, jusqu’à le renverser, pour imposer un nouvel ordre économique et social dans le monde, qui ne peut être autre que le socialisme.

Second problème : dans les régions où la bourgeoisie a été expropriée (je parle de l’URSS et de tous les pays qui revendiquent le socialisme), il n’y a pas d’issue si on n’impose pas la démocratie ouvrière. Le grand mal, la syphilis du mouvement ouvrier mondial est la bureaucratie, les méthodes totalitaires qui existent dans ces pays, ainsi que dans les organisations ouvrières, les syndicats et les partis  qui se revendiquent comme étant de la classe ouvrière, et qui ont été corrompus par la bureaucratie. C’est un grand succès de Trotski, qui a été le premier à employer cette terminologie qui de nos jours est universellement acceptée. Tous parlent de bureaucratie, parfois même les dirigeants de ces états que nous appelons ouvriers. Tant qu’il n’y aura pas la plus vaste démocratie, le socialisme ne commencera pas à se construire. Le socialisme n’est pas seulement une construction économique. Le trotskisme est le seul qui ait fait cette analyse. Il a aussi été le seul qui ait tiré la conclusion qu’il était nécessaire de faire une révolution dans tous ces états et aussi dans les syndicats pour obtenir la démocratie ouvrière.

Et la troisième question, décisive, est que le trotskisme est le seul qui soit conséquent avec la réalité économique et sociale mondiale actuelle, dans laquelle un groupe de grandes compagnies transnationales domine pratiquement toute l’économie mondiale.

A ce phénomène économico-social, il faut répondre avec une organisation et une politique internationales.

Dans cette époque de mouvements nationalistes qui jugent que tout se résout dans le pays même, le trotskisme est le seul qui dise qu’il n’y a de solution qu’au niveau de l’économie mondiale, en inaugurant le nouvel ordre qui est le socialisme. Pour cela, il est nécessaire de reprendre la tradition socialiste de l’existence d’une internationale socialiste, qui assume la stratégie et la tactique pour obtenir la défaite des grandes transnationales qui dominent la planète, pour inaugurer le socialisme qui sera mondial ou ne sera pas.

Si l’économie est mondiale, il doit y avoir une politique et une organisation mondiales des travailleurs pour que d’une part, toute révolution, tout pays qui fait sa révolution, l’étende à l’échelle mondiale; et que d’autre part, ces révolutions donnent chaque fois davantage de droits démocratiques à la classe ouvrière, pour que ce soit elle qui prenne son destin en mains par le biais de la démocratie.

Le socialisme ne peut pas être autre que mondial. Toutes les tentatives de faire un socialisme national ont échoué, parce que l’économie est mondiale et qu’il ne peut y avoir de solution économico-sociale des problèmes à l’intérieur des étroites frontières nationales d’un pays.

Ce qu’il faut mettre en échec, ce sont les transnationales à l’échelle mondiale pour entrer dans l’organisation socialiste mondiale.

C’est pourquoi, la synthèse du trotskisme de nos jours est que les trotskistes sont les seuls dans le monde entier qui aient une organisation mondiale, petite, faible, tout ce que vous voulez, mais la seule internationale existante, la Quatrième Internationale, qui reprend toute la tradition des internationales précédentes et qui les met à jour face aux nouveaux phénomènes, mais avec la vision marxiste : qu’une lutte internationale est nécessaire.

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